En s’appuyant sur les résultats de PISA 2018, la dernière conférence Terrains innovants explorent les possibles de l’IA sur la différenciation pédagogique. Donner davantage confiance aux élèves et augmenter le nombre d’aide lors des apprentissages sont les deux leviers pointés par Chi Sum Tse, analyste. De son côté, Laetitia Utzeri, conseillère pédagogique, explique ses usages de l’IA en classe.
La méthode PISA
La dernière enquête PISA (programme international pour le suivi des acquis des élèves) livrera ses conclusions en cette fin d’année 2023. En attendant ce précieu rapport, la conférence Terrain Innovants proposée en juillet dernier dresse un bilan des situations dans plusieurs pays de l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques) sur l’aide apporté à chaque élève. Chi Sum Tse, analyste à PISA for Schools, rappelle que l’enquête PISA « évalue les capacités des élèves à mobiliser leurs compétences dans des situations de la vie quotidienne afin de participer à la vie de nos sociétés modernes ». Ces évaluations se font dans les domaines de la compréhension de l’écrit, des mathématiques et des sciences. 600 000 élèves de 15 ans scolarisés dans 79 pays passent des épreuves de 2h.
Pensée créative, compétence globale, résolution de problème et numérique peuvent aussi être évalués. « Des questionnaires sont aussi envoyés aux parents, enseignants et directeurs pour avoir le contexte ».
De forts écarts en France
L’enquête PISA questionne le raisonnement des élèves avec un questionnaire minutieusement préparée présenté par Chi Sum Tse. Côté résultats, « La France obtient 493 points dans le domaine de la compréhension de l’écrit, légèrement au-dessus des 487 points de moyennes des pays de l’OCDE en 2018 ».
L’analyste expose l’écart important entre les élèves français les plus performants et les moins performants. Ce fossé qui s’élargit de plus en plus était déjà analysé dans les articles du Café pédagogique de l’époque.
Le spécialiste rappelle que les différences de performance viennent notamment du milieu socio-économique. « En France, des élèves issus de l’immigration risquent davantage d’être défavorisés sur le plan social et économique et donc sont plus susceptibles d’avoir des résultats inférieurs. Mais 13.5% de ces élèves obtiennent de très bons résultats. Ce n’est donc pas une fatalité ». Certains pays n’ont pas cet écart comme la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Irlande.
Quelles solutions ?
La fréquence d’aide supplémentaire apportée en cours par les enseignants est un point important. « La France se situe sous la moyenne de l’OCDE pour ces aides en séances ». A la question, le professeur m’a-t-il donné confiance en ma capacité à bien faire le cours ? les élèves français répondent aussi positivement à 61% contre 80% aux USA ou en Nouvelle-Zélande. « La place du professeur est centrale ». D’autres critères comme le nombre de livres à la maison, un espace dédié au travail et les outils bureautiques nécessaires sont autant de biens matériels quantifiés par l’étude internationale.
Laetitia Utzeri, conseillère pédagogique départementale dans le Var, apporte aussi ses idées pour aider à la différenciation pédagogique en classe. « Il existe des modules d’intelligence artificielle accessible via l’école académique de la formation continue (EAFC) ». Pour la conseillère, la solution Adaptiv’Math et l’équipement en matériel est accessible par la démarche Notre école, faisons là ensemble. « Pas de besoin de wifi pour l’utilisation quotidienne ».
Après un « temps de formation en présentiel nécessaire » pour les professeurs, Laetitia Utzeri liste les plus-values des modules de maths : « gain de temps, créer des groupes de besoins des élèves, obtention d’une cartographie extrêmement fine de la classe, accès à des banques d’exercices adaptés ». Laetitia Utzeri rassure « l’enseignant a toujours la main ! On ne se laisse pas dépassé par l’intelligence artificielle ». Groupes homogènes ou hétérogènes, les enseignants ont le choix pour concevoir leurs groupes de travail selon les compétences visées.
Julien Cabioch