Quelle est la plus-value des logiciels pédagogiques ? Lors d’une conférence organisée par le Café pédagogique et Evidence B, Rania Abdelghani, chercheuse et doctorante à l’INRIA de Bordeaux explique les bienfaits de la motivation intrinsèque chez les élèves, preuves scientifiques à l’appui. « Contrairement aux motivations générées par des éléments externes comme des récompenses ou des évaluations, la motivation intrinsèque favorise des expériences d’apprentissage plus autonomes, efficaces et agréables ». La conférence essaye de donner du sens aux algorithmes éducatifs.
Qu’est-ce que la motivation intrinsèque ?
La chercheuse s’intéresse dans sa thèse à « l’introduction de technologies éducatives qui favorisent et soutiennent la curiosité épistémique des enfants au cours de leur processus d’apprentissage. Je travaille actuellement sur le développement d’agents conversationnels qui aident à former deux manifestations de la curiosité chez les enfants : poser des questions de haut niveau et des enquêtes ciblées autogérées pour maximiser les connaissances ». Rania Abdelghani évoque longuement l’importance de la motivation dans les apprentissages à travers les technologies éducatives. « De manière générale, la motivation est définie comme le moteur de l’orientation, du contrôle et de la persistance dans le comportement humain ». La motivation intrinsèque naît à l’intérieur de l’individu. « La motivation intrinsèque est un facteur clé pour améliorer l’apprentissage et rendre l’élève plus actif ».
Sur une comparaison avec un même cours : « d’après les résultats de la recherche, l’utilisation de dispositif d’activ learning où les élèves choisissent leurs séquences d’apprentissage. On remarque une décroissance dans le taux d’échecs ». L’enquête ne précise pas si les deux groupes d’élèves ont fait exactement les mêmes exercices et ce qu’il en est de leur mémorisation sur la durée.
Une autre recherche sur la curiosité est détaillée. La curiosité qui est « la forme la plus étudiée de la motivation intrinsèque ». La chercheuse fait le lien entre la curiosité et le taux de réussite et de mémoire. « De 10 ans à 15 ans, on voit ce lien existe toujours entre curiosité et mémorisation ».
Rania Abdelghani note que « les caractères rendant l’information intrinsèquement motivant sont la nouveauté, la surprise et la complexité intermédiaire ». Les enseignants qui essayent de créer l’événement à chaque cours connaissent évidemment ces ressorts qui permettent de mobiliser leurs élèves. « L’activité ne doit pas être trop simple pour que l’élève s’y engage ».
Un rétrocontrôle positif utile
La chercheuse développe aussi les bienfaits « du progrès d’apprentissage » via des boucles de rétrocontrôle positif. Après ces présentations, la place de l’intelligence artificielle est justifiée par Rania Abdelghani qui travaille en partenariat avec Evidence B. « Un algorithme permet de personnaliser la séquence d’apprentissage pour maximiser le learning progress ». Comme en classe, l’algorithme propose dans un premier temps des exercices les plus simples pour ensuite viser les plus complexes. D’ailleurs la start-up proposera à tous les lycéens de seconde une base d’exercices en mathématiques en octobre 2023.
En conclusion, Rania Abdelghani préconise que l’élève doit se sentir responsabilisé et doit prendre des décisions sur certains aspects de leur apprentissage. « Il faut encourager les élèves à réfléchir sur leurs propres connaissances et à être plus à l’aise face à leurs incertitudes ». En recommandations pratiques, il faut viser à donner « des activités qui incitent les élèves à poser des questions et à explorer plutôt que de donner des instructions directes ».
Parmi les questions du public, on retiendra celle de Caroline. « Ce type de motivation, n’est-il donc pas réservé aux élèves qui sont déjà en réussite ? ». Le flop des MOOC est peut-être déjà une partie de la réponse à la question. La chercheuse répond qu’il faut juste « avoir les compétences méta-cognitives et aller les poursuivre. Les traits de personnalité peuvent aussi entrer en compte comme l’anxiété ». Une autre question porte sur les élèves en difficulté. « Comment développer les capacités méta-cognitives et pousser la motivation chez les élèves les plus en difficultés ? ». Rania Abdelghani conseille de faire des exercices d’auto-réflexion et d’auto-questionnement. « Le fait de ne pas connaître quelque chose doit motiver pour aller vers davantage d’apprentissage ». Finalement, il faut rester dans l’encouragement et valoriser les réussites des enfants…
Julien Cabioch
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