
Troisième conférence du cycle « IA et pédagogie » : motivation scolaire à l’ère du numérique
Outils numériques et IA en classe : entre promesses pédagogiques et vigilance éducative
Dans un contexte où les technologies numériques et l’intelligence artificielle (IA) s’invitent de plus en plus dans les pratiques pédagogiques, la table ronde du 7 mai a posé une question centrale : ces outils renforcent-ils réellement la motivation des élèves, en particulier leur motivation intrinsèque, ou risquent-ils d’affaiblir leur engagement en dispersant leur attention ?
André Tricot a ouvert la discussion en rappelant que les effets du numérique sur la motivation sont étudiés depuis plus de 30 ans. Il a distingué trois notions essentielles : l’intérêt, la motivation et l’engagement. Selon lui, les recherches montrent peu d’impact global du numérique sur la motivation à apprendre les savoirs scolaires, mais certains dispositifs (notamment ceux utilisant une IA adaptative) présentent des résultats prometteurs en personnalisant les parcours d’apprentissage.
Chloé Vigneau a apporté un éclairage complémentaire en présentant ses expérimentations en lycée autour de la création de jeux vidéo. Elle souligne que cette approche active, mobilisant des compétences variées (programmation, narration, logique, expression artistique), permet de renforcer l’implication des élèves et de modifier en profondeur le rôle de l’enseignant, qui devient accompagnateur plutôt que transmetteur.
Un usage du numérique qui reste tributaire de la formation
Sur le terrain, le constat est plus nuancé. Mouhamadou, enseignant en école primaire à Vitry-sur-Seine, a souligné le décalage entre les discours autour des technologies éducatives et la réalité du quotidien scolaire. Malgré la présence de certains outils (TNI, applications éducatives), le manque de formation freine leur adoption. Il rappelle que c’est moins l’outil en lui-même que son usage pédagogique qui fait la différence : le numérique n’est motivant que s’il est porteur de sens.
Julie Raud, professeure d’espagnol en lycée professionnel, insiste quant à elle sur l’importance de développer l’esprit critique des élèves face aux outils numériques. Dans ses projets internationaux, elle mobilise l’IA pour rendre les élèves plus actifs (création de personnages avec des outils d’IA générative, participation à des projets européens comme L.O.V.E (Listening Other Voices of Europe). Elle montre que l’IA peut devenir un levier de motivation, à condition qu’elle soit intégrée dans un projet pédagogique clair et structuré.
Redonner du sens pour stimuler l’engagement
Les échanges ont convergé vers un même constat : la technologie ne remplace pas la pédagogie, elle la prolonge. Les outils numériques et l’IA doivent être pensés comme des moyens au service d’une intention éducative forte, et non comme des finalités. La motivation des élèves ne naît pas d’un écran ou d’un algorithme, mais de la capacité de l’enseignant à créer du sens, à proposer des défis adaptés, et à construire un climat de confiance propice à l’engagement.
Revisionnez la conférence ici